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DE HENRI III. [i588]                        36p
de Joyeuse disoient ne le pouvoir voir de bon cœur que premierement il ne fût purgé de la mort du duc de Joyeuse C1), qu'on disoit avoir fait tuer de sang froid en la journée de Coutras.
Le samedy 23, la Reine mere alla trouver le Roy à Mante, , à la priere du duc de Guyse et de ses par­tisans, elle le supplia, avec beaucoup d'humilité et d'affection, de revenir pour l'amour d'elle à Paris. De quoy elle fut refusée tout à plat, et revint-elle à Paris fort mécontente le 27.
Le mercredy 29, le prevost des marchands, accom­pagné de Compans (*), Russy et autres, allerent, parle conseil de la Reine mere, trouver le Roy à Chartres pour recevoir ses commandemens, et le supplier de re­venir à Paris.
Le samedy 3o, la Reine mere, le duc de Guyse ac­compagné de quatre-vingt chevaux, le cardinal de Bourbon précédé de cinquante archers de. sa garde, vestus de casaques de velours cramoisy, bordées de pas­sements d'or; l'archevêque de Lyon et plusieurs au­tres, partirent de Paris, et arrivèrent le lundy à Char­tres, et furent bien recueillis par le Roy. Icy la Reine mere, interpellée du duc de Guyse et de ceux de son party d'interposer de rechef son crédit pour persuader îe Roy de retourner à Paris, lui en fit une fort affec­tionnée supplication. Mais le Roy luy répondit qu'elle ne l'obtiendroit jamais, et la pria de ne l'en importu­ner davantage. Alors ayant recours aux larmes, qu'elle
(1) La mort du due de Joyeuse : Il fut tué par deux capitaines, offi­ciers dn roi de Navarre. (-) Compans : Jean Compans ou Compan, marchand qui avoit été huguenot. Il se fit catholique et ligueur, et fut échevin de Paris après les barricades.
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